Résumé:
J’arrivais au centre de refuge sous le beau soleil de fin d’été. Le refuge m’avait toujours intrigué mais il n’y avait encore eut personne là-bas. J’avais entendu l’arrivée d’un nouveau poulain et la curiosité m’avait accaparée. Etudiant l’éthologie (c’est vrai) je m’étais donc avancée doucement vers l’écurie qui abritait ce poulain. Il avait été nommé Desired Runaway. J’imaginais sans mal le rapprochement avec son caractère. Arrivée dans son box j’eus un peu de mal à le voir n’osant pas m’approcher de trop près du box pour ne pas l’effrayer. Doucement je m’approchais de cette boite sécurisante et l’ouvrit. Le petit cheval, me voyant, se collait au fond du box. Ses narines se dilatèrent et la respiration fut accélérée. Son pouls aussi j’en déduisais. Je voyais ses côtes qui se bougeaient alors que ses yeux se révulsaient. Son petit corps chétif brisa mon cœur. Il n’avait plus que la peau sur les os. Il ne mangeait surement presque rien car tout lui était apporté par des humains.

Me remettant du choc, je m’empressais d’attacher une chaîne pour lui empêcher toute sortie et je m’écartais de la porte. La distance entre lui et moi eut pour effet de calmer le petit cheval. Cela me rassura aussi car il aurait put se faire du mal. Je pris une chaise et me posa devant son box. Il n’avait pas bougé de sa place, toujours cloitré au fond. Je vaporisais un peu de lavande. Plante qui a le pouvoir de calmer les animaux et soit les êtres humains soit dit en passant. Je m’assis donc sur cette chaise, le dos tournée au cheval. C’était un langage du corps l’invitant à me rejoindre s’il le souhaitait. Devant la chaise se trouvait un seau emplit de granulés. A son moindre mouvement il aurait le seau. Dedans y étaient ajoutés de l’huile de morue pour rendre le tout plus apetissant ainsi que quelques carottes et une pommes coupée en morceau. Je me disais que ces mets lui donneraient plus envi. Son état était assez inquiétant. J’attendais donc guettant le moindre mouvement dans la paille. Rien ne se passait mais je ne désespérais pas. J’étais aussi immobile et patiente qu’une statue. Je sentais les minutes passer avec lenteur mais détailler le paysage qui s’offrait devant moi ne me dérangeait pas tellement finalement.

Et puis, soudain j’entendis un fouillement dans la paille. Je ne bougeais pas mais je m’étais raidie, je le sentais dans mes muscles. Quelques autres bruissements se firent entendre mais c’était très vague puis plus rien. J’en conclus qu’il ne bougerait plus pour aujourd’hui. Je me retournais délicatement et le vis, un peu décalé du fond du box. Je m’accroupillais et toujours basse je poussais le seau jusqu’à son box, il ne bougea pas. Avec une délicatesse extrême et un bruit moindre, j’enlevais la chaîne et fermait le box. Une fois ce dernier clos, je me levais et m’en allais.

Résumé:
Le soleil brillait encore mais les températures fraîches nous rappelaient que l’automne arrivait et qu’il allait être rude. Le poulain n’avait cessé d’occuper mes pensées. Il était sans amour, à l’abandon. Cette petite chose fragile qui ne demandait qu’amour. J’arrivais au box et à ce moment précis, le petit cheval recula au fond. Je soupirais. Il allait me demander beaucoup de patience et de persévérance celui-là.
Comme à ma première arrivée, j’ouvrais une fiole de lavande et m’en badigeonnais les mains. La respiration du poulain n’était pas aussi rapide que la première fois je remarquais. Il avait du reconnaitre l’odeur et il était simplement méfiant, très méfiant. J’ouvrais avec délicatesse la porte du box et doucement mit la chaîne. Confiante, je m’en allais chercher un seau où je mis à nouveau la même mixture que la dernière fois. Le propriétaire du refuge m’avait confié que le seau avait rapidement été avalé et qu’il faisait ce mash dorénavant. Pourtant, lorsqu’il savait que je venais il me laissait le soin de nourrir le bébé. Le seau fut posé près de moi et la chaise rapprochée du box. Je souhaitais vraiment qu’il commence à accepter ma présence. Lui tournant le dos je m’assis donc sur cette chaise patiente. Ce fut plus rapide que la dernière fois. Etais-ce pour la nourriture ou parce qu’il était curieux. Quoi qu’il en soit, j’entendis le mini sabot se poser sur le sol signe qu’il s’était déplacé ne serais-ce qu’un peu. J’avais envi de voir jusqu’à quel point sa curiosité ou faim l’amènerait. Ainsi je ne bougeai pas d’un poil. Viens à moi petit poulinou, pensais-je. En réponse à cela, le poulin fit un autre pas. Je ne cédai pas. Clop, clop. Deux autres bruits de sabot retentir. Suivit d’un autre. Puis le silence. Nous restâmes un quart d’heure dans ce silence. Je tournais donc la tête doucement. Je cédais. Un sourire sur mes lèvres se dessina lorsque je vis le cheval tout à fait tourné vers moi. Il me regardait de ses yeux peureux. Un moindre faux pas allait détruire tout la confiance créée, encore fragile, entre nous. Pour ne pas l’effrayer avec ma taille d’humaine, je m’accroupis en descendant de ma chaise. Je pris le seau délicatement –je ne le poussais pas pour ne pas faire de bruit- et le posa dans le box. Je reculais à ma chaise et m’y assis. J’attendis. Il lui fallait s’habituer de à ma présence même lorsqu’il mangeait. Il fit quelques pas, l’appétit surement sur les talons, et plongea dans sa nourriture. Rapidement il n’y en eut plus. J’avais put l’observer. Il avait quelques entailles que j’aurais aimé traiter mais c’était tenter le diable. Il fallait y aller en douceur. Alors qu’il eut finit, il recula. Je m’approchais donc, toujours accroupie et lui tendit une carotte. Il l’huma et du bout de ses lèvres la prit avant de se dérober. Je souris, c’était un premier pas. Je rangeai le seau, enleva la chaîne et ferma le box. Apaisée d’avoir vut le petit poulain, je m’en allais.

Résumé:
Je profitais du week end pour voir deux fois de suite le petit poulain. Cette fois-ci j’arrivais directement avec le seau en main. J’allais essayer une nouvelle approche. Dans ma poche se trouvait aussi de la pommade ainsi que ma fidèle fiole de lavande. Mes mains pleines de lavande j’entrais dans le box, enfin je l’ouvrais simplement plutôt. Le poulain avait dressé la tête et sentit l’odeur. Il n’était plus collé au fond au du box il était au fond du box mais pas complètement collé. Pour ma part, je m’étais délicatement accroupie afin d’être à son niveau. J’avais avancé la main, le laissant faire la fin du trajet pour sentir cette odeur qui lui était maintenant familière. Il refusa. Je ne résistais donc pas et lui tendit sa nourriture. Puis je reculais de quelques pas. Il me regarda un petit peu puis s’avança afin de manger goulument. Je souris. Il m’acceptait dans son box et mangeait devant moi. Il n’avait plus peur de moi juste de la méfiance.
Une fois son repas terminé, je lui tendis une carotte. Là je ne cèderais pas. Soit il venait la manger dans ma main soit il irait se faire voir. Il regardait puis replongea dans son seau à a recherche d’un quelconque met. Le sol étant en copeaux de peur des allergies à la poussière, il en put trouver de paille. Il renifla donc la petite carotte tout en me regardant d’un œil. Il avait envi c’était certain mais il se méfiait. La gourmandise l’emporta sur la méfiance. Un petit pas il s’avança vers moi. Il en fit quelques autres mais s’arrêta à une distance encore trop grande pour saisir la carotte. Je la lui donnai en l’envoyant près de lui. Il recula rapidement en voyant l’objet arriver puis s’en saisit alors qu’un jus orange coulait de sa bouche. J’en sortis une nouvelle. J’avais prévu ce scénario. Cette fois-ci il mit moins de temps et s’avança un peu plus. Du bout de ses dents il attrapa la carotte avant de se réfugier au fond pour la manger. Je répétais ce stratagème une troisième et dernière fois. Le poulain était plus en confiance et ce petit jeu l’amusait assez je pense. Alors qu’il avait finit la dernière carotte, je pris le seau et sortit du box. Une fois dehors je me redressais afin de fermer la porte. Je sortis. En quittant l’écurie je remarquais que de nouveaux chevaux avaient fait leur apparition. Je ne pouvais m’occuper de plus d’un cheval à la fois. Ce ne serait pas juste. Alors dès que le poulain sera en confiance je pourrais m’occuper de l’un d’entre eux.

Résumé:
Comme tous les jours je viens au refuge. Venir le plus souvent possible favorisait le lien créée. Mes nouvelles habitudes étaient de prendre le seau et de l’amener au poulain. Parfois il était déjà prêt quand j’arrivais. Je le pris donc et m’avançais vers le box. Je mis de la lavande sur mes mains mais beaucoup moins que d’habitude. Je ne voulais pas qu’il s’habitue à moi seulement par l’odeur. Une nouvelle fois : il y avait de la pommade dans mes poches mais j’étais bien décidée à l’utiliser. Comme la vielle, je mis le seau dans le box et m’assit dans les frais copeaux afin de l’habituer à moi. Il ne garda que peu de méfiance. Il me jugea d’un œil et décidant que le danger était maintenant minime, il s’attaqua à son repas. Il le dévora. Il était si mignon que j’avais envi de le prendre dans mes bras pour lui faire un gros câlin. Ce petit pouney. Une fois son mangé finit, j’enlevais délicatement le seau. Desired s’était rapidement décalé du seau pour ne pas avoir à faire avec ma main. Je souris. Assise dans les copeaux, adossée au mur je tenais une carotte. Je ne bougerais pas. Je voulais qu’il s’habitue à mon corps. A moi plus exactement. Il me regardait toujours. Je ne le regardais du coin de l’œil mais je faisais semblant de n’être pas intéressée par lui.
Le temps passait longuement. Je ne bougeais pas. Un oiseau passa dans le box et vint de poser entre nous. Je le vis rapidement hocher de la tête. Comme s’il était indécis. Il était si facial et mignon. Puis il fit un pas vers moi. Je ne cillai pas. Un autre pas se fit en ma direction. Je souris simplement. Tel un arbre je ne bougeai. Il se décida finalement et vint complètement devant moi. Il attrapa la carotte posée dans ma main et s’en alla. Puis il revint. Il me renifla. Surement à la recherche de l’autre carotte cachée dans ma poche. Il la trouva rapidement et mordilla la poche. Je fis un geste très lent et lui donna la carotte posée à plat dans ma main. Il ne s’enfuit pas. Je posais doucement ma main sur son encolure mais il était trop concentré dans son met. Alors que le jus orange goutait de sa bouche, la carotte finie, il dressa la tête. Il ne s’en allait pas alors que je commençais à le masser. Je le massai ainsi une vingtaine de minute puis, rassuré, je pus lui mettre de la pommade sur ces blessures. J’étais fière de moi. Accroupie, je quittais son box joyeusement. Je rangeais la pommade où elle devait et j’expliquais mon bel exploit au propriétaire du refuge.

Résumé:
Désormais je ne mettais plus de lavande sur mes mains. Je ne voulais pas qu’il me reconnaisse seulement pour l’odeur. Je pris tout de même la mélasse pour qu’il ait quelque chose à manger. J’entrais dans le box sans la nourriture. Cette dernière était cachée. Le poulain me regarda mais ne bougea pas. Il n’avait plus peur. J’étais accroupie et je tendis ma main. Il vint la sentir me laissant ensuite la possibilité de la poser sur son chanfrein. Une récompense pour cette bravoure était méritée. Je lui donnais donc son repas. Assisse dans le box j’attendis patiemment qu’il eut finit. Il prenait pas mal de poids et c’était très réjouissant à voir. Une fois qu’il eut finit, je m’approchais de l’animal et lui appliquait la pommade sur ces blessures. J’avais apporté avec moi une brosse aussi. C’était un bouchon. Je le posais doucement sur son corps. Le poulain tressaillit et me regarda inquiet mais il ne s’enfuit pas. Je n’exagérais pas et enlevais le bouchon. Je le caressais longuement puis reposa la brosse. La réaction fut la même. Ma réponse fut la même aussi. Sauf que je lui donnais une petite carotte en plus pour le calmer. Abandonnant la brosse pour aujourd’hui, j’entrepris de le masser. Je commençais par son encolure où je montais et descendais. Ensuite je fais son corps. En plus de le calmer, ces massages avaient pour effet de désensibilisé à l’homme. Une étape importante dans son futur débourrage. Le petit cheval baissa la tête et s’endormis à moitié. Je souris. Ce n’était plus un simple poulain que je cherchais à sauver. C’était devenu mon bébé. Une part de moi-même. J’apprenais beaucoup avec lui. Une fois le massage finit, je ne pus me résoudre à le laisser et partir telle une voleuse. Je m’assis donc et fermais les yeux. Il n’avait pas bougé, toujours dans cet état à moitié endormi. La fatigue me prit de court et je m’endormais à mon tour. Lorsque je me réveillais, la nuit tombait sur le refuge. Le poulain mordillait une poignée de foin. Il me regarda bouger puis retourna à son repas. Il n’était plus du tout effrayé par moi. C’était une belle nouvelle. Je souris et accroupie je sortis du box. Juste avant je ne pus résister à l’envi de le caresser à nouveau et d’embrasser son petit bout de nez tout doux. Je sortis du box, me redressa en faisant craquer mon dos et ferma le box. Un dernier regard et je rentrais chez moi. J’avançais, je progressais et lui aussi. C’était une fierté sans nom.

Résumé:
Je m'en voulais. Je m'en voulais de n'être pas venue le voir avant. Cela faisait plus d'un mois que je n'étais pas revenue m'en occuper. Je rentrai doucement dans son box et le caressai. Depuis le temps, il ne m'avait pas oubliée. Ça faisait chaud au coeur. Je le caressai longuement puis lui donnait une carotte. Tous les poulains aiment les carottes. Il la mangea avidement. Je lui mit encore de la pommade sur ces blessures mais ça allait bien mieux. Avec moi j'avais tout de même apporté un licol. Il était temps que le poulain sorte de sa boite. De plus, il ne faisait pas encore moche. Je fermait mon manteau. Et je lui mis délicatement le licol; il ne se rebella pas. J'en conclus qu'il était déjà désensibilisé de ce point là. Je tirais doucement sur la longe afin de sortir du box et ce dernier me suivit. Enfin au début. A peine arrivé dans le chemin de terre, il essaya de me dépasser. Ayant toute ma vie galéré avec des chevaux de traits, ce poulain ne fit pas le poids et je le replaçai -avec douceur et fermeté- derrière moi. Il y resta. Il essaya bien de me dépasser quelques fois mais il se laissais dominé sans réel soucis. C'est pour cela que je m'amusa à courir en le tirant afin qu'il trotte et galope. Il semblait très heureux de cette balade et course improvisée. Il avait tant besoin de se dépenser. Par contre, je n'avais pas son endurance et je m'arrêtais rapidement essouflée. Arrivés au refuge, je remarquai à quel point il était sale. Il était temps que le brosse. Je pris donc le bouchon et le posais doucement. Cette fois-ci il se laissa faire. Il était accroché dans la cour. Doucement les petites monticules de boues tombèrent laissant place à une robe plus lisse. Une fois le corps finit - ce qui me prit bien deux heures- je m'occupais de ses crins. Et là encore ce fut la galère. La pluie commençait à tomber et j'arrêtais mon travail pour le rentrer. J'avais une dernière surprise pour lui : une couverture. Celle-ci n'était pas encore très chaude mais je préférais l'habitué petit à petit. Il se laissa couvrir sans trop rien dire et je la lui laissais pour la nuit. Il aurait bien chaud ainsi. Je rentrais chez moi